Une croisière continentale : de Moscou à Vladivostok par le Transssibérien
Pour naviguer à bord de ce train particulièrement long, vous pouvez en cliquant sur une lettre aller directement au wagon qui vous intéresse. Mais vous pouvez aussi rouler et le dérouler tranquillement du début à la fin.
Pour revenir à cette page, vous trouverez de temps en temps le mot Retour.
Le
T comme Train
R comme Romanov
A comme Amis, Apéros et vie à bord
N comme Nikolaï, Natalia, Natacha(s) et les autres : Veronika, Svletana, Alla sans oublier Igor
S comme Sibir (Sibérie)
S
I comme Iekaterinburg
É
R comme Raviolis
I comme Irkoutsk
E
N comme Novosibirsk
de comme Décembristes ou Décabristes
à
VLADIVOSTOK avec un V comme Volga et les autres fleuves et un K comme Kazan et comme Krasnoïarsk
... mais aujourd'hui le Transsibérien c'est comme ça ...
Le train le plus célèbre est le Rossiya qui part de Moscou les jours impairs et de Vladivostok les jours pairs et arrive à destination 6 jours et 23h30 plus tard. Mais la ligne est très fréquentée et bien des convois l'empruntent et s'arrêtent dans de nombreuses petites gares locales. Nous en avons emprunté plusieurs.
Longueur du trajet : 9 288 kilomètres.
Qui dit Train... dit Gare... Elles sont gigantesques dans les villes importantes. En voici quelques exemples ...
... gares très fréquentées et dotées d'escaliers gigantesques où il n'y a d'autre choix que de hisser sacs ou valises ...
Les trains ce sont aussi les "provonitza", toujours en uniforme, préposées à la bonne tenue de chaque wagon, à la bonne chaleur du samovar, à la propreté des toilettes. Elles se chargent aussi du réveil des voyageurs et de l'ouverture/fermeture des portes.
A comme Amis, Apéritifs et vie à bord!
Encore plus importants que le train ! Trois couples, de vieille ou toute récente connaissance, dont l'entente n'a jamais faibli et dont l'amitié s'est renforcée au fil des kilomètres. Que de bons moments passés ensemble "et rire qu'on a fait !"...
Le samovar trône à l'extrémité du wagon , toujours disponible en eau brûlante...
Dans le train, chacun vaque à des activités diverses : lecture, peinture, écriture, photos..., Ivan le Terrible sur le lecteur DVD, examen de la carte, attente des grands moments que représente le passage des grands fleuves, la Volga, l'Ob, l'Iénisséi, l'Amour !
et même un petit somme de temps en temps : ici le nouveau spécialiste de botanique végétale s'est endormi sur son livre de chevet...
On regarde bien sûr le paysage...
...et on scrute le tableau affiché dans le couloir qui nous donne les heures d'arrivée et de départ dans chaque gare desservie, le kilométrage et le décalage horaire à prendre en compte. À nous de faire les calculs et manifestement Jean-Marc est en plein boulot...
Sur la tablette du compartiment, une boîte contient le petit-déjeuner du lendemain : un sachet de thé, une dose de confiture, un petit pain, un gâteau, une orange. Si le trajet comprend plusieurs nuits, c'est la même chose (une seule boîte), à nous d'avoir prévu le nécessaire.
Les repas font l'objet d'interrogations incessantes car le mystère est complet. Sur certains trajets, nous serons servis à domicile, sur d'autres non. Sur le grand trajet final (3 jours, 3 nuits) nous aurons droit à 1 repas fourni. Le choix du menu est un dialogue obligatoire et difficile, effectué la veille avec les femmes du wagon-restaurant. Croyant avoir réglé la question, nous nous préparons à gagner le wagon en question et bien non livraison à domicile ! Nous n'irons là-bas que le surlendemain midi, à nos frais cette fois bien sûr.
Le midi, oui, car le soir c'est apéro chez les uns ou les autres à tour de rôle. Nous mettons en commun nos petites réserves, chips, tomates, cacahuètes et même un saucisson un soir, le tout arrosé de bière ou d'un brin de vodka voire d'un verre de vin acheté au wagon-restaurant et dont le prix n'a été qu'a-posteriori compris comme prohibitif. Il y a aussi des breuvages divers, eau plate ou gazeuse, sodas fournis par le transporteur.
Après l'apéro où l'on s'attarde volontiers, chacun rentre dans son petit logement, c'est l'heure des allées et venues au samovar pour une bonne soupe, une tisane ou autre.
Il est alors temps d'installer sa couchette.
Aux arrêts, on arpente le quai, quelques achats, quelques photos ...
...mais leur durée est variable. Elle est normalement affichée sur le tableau, mais lorsque le train doit rattraper un retard il arrive que la halte soit abrégée, il faut alors courir sur le quai ! La provonitza veille heureusement et n'a eu qu'une fois l'occasion d'agiter son drapeau ... "et peur qu'on a eu !"
Un rapide coup d'oeil sur un wagon de troisième classe, alignement de couchettes superposées :
N comme Nikolaï, Natacha, Natalia et les autres,
Veronica, Svletana, Alla...... sans oublier Igor à Novosibirsk qui a reçu le verre de bière d'Yves sur son pantalon et qui n'en a pas fait une histoire. Mais est-ce pour aller plus vite au pressing qu'il ne nous a pas accompagnés à la gare, point d'honneur de toutes ses collègues ?
Tous ces guides parlent un français admirable et sont d'un niveau culturel élevé. Veronica est professeur à l'université de Kazan, Svletana aussi à Iekaterinburg, Natalia est professeur dans l'entreprise des chemins de fer. Leurs revenus ne sont pas épais et la plupart ne peuvent pas envisager un voyage en Europe, très au-dessus de leurs moyens. Alla, Ukrainienne qui a suivi son mari à Krasnoïarsk, a fait un cours séjour linguistique en France, Natacha d'Oulan-Udé n'y est jamais venue, Natalia d'Irkoutsk y a séjourné 15 jours au temps de l'URSS sans avoir le droit de parler aux Français...
Nous sommes toujours attendus au pied du wagon et ces guides si différents les uns des autres nous ont à chaque fois enchantés.
... son Pectopah* "Sempre": 2 bols de raviolis pour 6... mais qui nous donne 3 baguettes de pain frais "pour le voyage" et rire qu'on a fait !
* Pectopah en écriture cyrillique = restaurant et non pas Rectorat comme une finaude l'avait traduit en débarquant...
et bien sûr le métro ...
K comme Kazan,
Capitale de la République du Tatarstan, au bord de la Volga, ravagée par Ivan le Terrible en 1558. La ville a son "kremlin" aux murailles blanchesTatare qui domine la ville, son quartier ancien de maisons en bois traditionnelles restaurées et son université, la plus ancienne après celle de Moscou, où furent élèves Tolstoï et Lénine et dont les professeurs furent décimés par les purges de Staline dans las années 30 à l'image d'Evgenia Guinzburg.
C'est Veronika qui est notre guide, le temps s'est rafraîchi...
I comme Iekaterinburg,
avec Svletana qui nous présente cette ville fondée par Pierre le Grand (qui lui donne le nom de sa femme) afin d'exploiter les richesses minières de l'Oural. Tout ici rappelle la fonction industrielle, qui redoubla au moment de la guerre avec le repli vers l'Est de l'industrie lourde..
Un grand musée Eltsine qui fut gouverneur de la région...
... le quartier des écrivains...avec la statue de Pouchkine, omniprésent...
et pour finir la statue des Frères Lumière !
R comme Romanov,
exécutés à Ekaterinburg, ils font l'objet d'un véritable culte puis qu'ils ont été canonisés par l'église orthodoxe après la chute de l'URSS...
... et pour franchir l'entrée du monastère édifié sur le lieu de la découverte des corps, il faut se mettre en tenue !
Le musée régional de Novossibirsk expose les objets et les traditions des peuples anciens de Sibérie : les Nenets, les Tchouktches, les Toungouzes, les Iacoutes et bien d'autres...
... et un petit musée en plein air près du Baïkal reconstitue un village sibérien traditionnel
À quelques kilomètres de la ville, le musée du rail célèbre l'importance du train pour la Sibérie et expose locomotives et wagons anciens
R comme Raviolis, ou Pelmeni en russe
Toujours agréables, souvent délicieux comme ici à Novosibirsk où ils sont faits devant nous...
K comme Krasnoïarsk
avec Alla, qui nous emmène dans le parc naturel des Stolby, vastes formations volcaniques au sein d'une forêt aménagée en parcours de randonnées et d'escalade.
Escalade de Pierre-Do suivie avec attention ...
et pique-nique en forêt...
En ville, c'est la fête, concerts sur la grande place et concerts le long de l'Iénisséi,
et le lendemain, fête religieuse dans la chapelle en haut de la colline Karaulnaya.
B comme Baïkal,
Enfin le voilà ! sous un soleil éclatant, grand comme la Belgique, d'une longueur de 636 kilomètres, une profondeur allant jusqu'à 1642 m, plus grande réserve d'eau douce du monde ! L'hiver on y circule, gens, motos, camions sur une glace dont l'épaisseur atteint 1m50.
Un courageux vient de plonger, l'eau est à 12° mais le soleil brille et, quand il s'agit de respecter une parole donnée à un petit-fils, pas d'hésitation...
Nombreuses espèces de poissons dans le Baïkal, vendues le plus souvent fumées. Le plus célèbre est l'Omoul,
I comme Irkoutsk
que nous avons visité avec Natalia. Garnison cosaque fondée en 1661, devenue centre marchand, bâtie en bois et détruite aux trois quarts par le feu en 1879. Célèbre pour avoir abrité les Décabristes après leur libération et avoir grâce à eux accédé au statut de ville culturelle, petit Paris de la Sibérie.
D comme Décembristes ou Décabristes
Après l'échec du coup d'état militaire (décembre 1825) qui avait pour but d'obtenir du futur empereur Nicolas Ier une constitution, les conjurés qui échappèrent à la mort furent condamnés aux travaux forcés, au bannissement et à l'exil.
Les femmes suivirent au péril de leur vie leur mari en Sibérie : Katerine Troubetskoï, la Française Pauline Annenkova et ici Maria, épouse du décembriste Sergueï Volkonski. La plupart des exilés restèrent à Irkoutsk à la fin de leur bannissement et ne revirent jamais Saint Pétersbourg. Deux maisons ont été aménagés en musée : grands poêles en céramique, tableaux, instruments de musique.
qui nous montre Oulan-Udé où une gigantesque tête de Lénine (7mètres70) ...
...fait face à Churchill !
et, à 35 kilomètres de la ville, dans un paysage de steppe en direction de la Mongolie toute proche, le centre bouddhique d'Ivolginsk ...
V comme Vladivostok
Terminus !
Devinette : Sachant que nous avons embarqué à Oulan-Udé le vendredi à 14H44 heure locale (9H44 heure de Moscou)... et que nous sommes arrivés à Vladivostok le lundi matin à 6h55 (23H55 heure de Moscou), ayant franchi 2 fuseaux horaires supplémentaires, combien d'heures nous a t-il fallu réellement pour aller du kilomètre 5640 au kilomètre 9288 et à quelle vitesse moyenne ? (Pour ceux que ça intéresse Solution)
et voilà les voyageurs à la descente du train, partagés entre joie et regret d'être arrivés ...
La gare elle-même ne manque pas d'intérêt,
une ancienne locomotive de la ligne,
la borne du kilomètre 9288,
et surtout la fresque du plafond de la grande salle d'attente où l'on distingue d'un côté Moscou et ses coupoles et de l'autre Vladivostok, sa gare et son port.
Vladivostok, un jour de brume ...
mais ville active, plus européenne qu'asiatique , port de commerce et port de guerre où l'on tire le canon à midi et où un sous-marin fait revivre les heures de la "grande guerre patriotique". Petit restaurant très sympa le midi dans une rue piétonne.
C'est là que débarqua Soljénitsyne à son retour des Etats-Unis...
Une bibliothèque insolite au musée régional Arseniev :
et voilà c'est là, à l'est de la Chine, au nord de la Corée du Nord et en face du Japon, que prit fin notre périple, sur une évocation de Boris Pasternak...
FLM
62 heures et 11 minutes , qui ont passé comme une lettre à la poste !
Vitesse moyenne : environ 58 km/h...
JMM si je me suis trompée, corrige-moi !