Un architecte des années 30 : Charles Thomas

Publié le par FLM

À l'occasion d'un emménagement familial récent dans un bel immeuble des années 30, Mamitabriacine a cherché qui en était l'architecte et quelles étaient ses autres réalisations. Elle a découvert bien des choses mais n'a, à ce jour, rien trouvé sur l'homme et sa biographie. Quelqu'un saura-t-il l'aider ?

I - L'immeuble du 41 rue Boulard à Paris 14ème

 

L'immeuble est non signé. Comment trouver le nom de l'architecte ? Direction les Archives de Paris ( Boulevard Sérurier 19ème) :

       

1- Premier indice dans le Recensement des permis de construire parisiens (dépouillement du Bulletin municipal par Joëlle Bertant en 1961 (Série chronologique, vol 6, 1925-1939 - Usuels, salle de lecture)

 

Permis de construire du 21 mars 1929

Propriétaire : Madame RENON

Architecte : C. THOMAS

122 Rue de la Tour 16ème

Hauteur : 8 étages

 

     

 2- Deuxième indice dans le Fichier sanitaire (3589W259)

 

Ecoulement direct à l’égoût, réception des travaux le 19 février 1931

Propriétaire : Madame Renon 31 rue de Bellechasse

Architecte : C. Thomas

4 appartements par étage, immeuble neuf, 7 étages ( ?)

80 habitants

accompagné d'un beau plan du sous-sol.

 

       

3- Quelques traces dans le Fichier immobilier (3184W982)

 

Papiers postérieurs à la guerre qui concernent essentiellement des autorisations d’exercer pour des médecins et l’enquête sur « l’occupation suffisante des locaux » (Décret du 30 décembre 1947 fixant les conditions d’application de l’article 18 l’ordonnance du 11 octobre 1945 instituant une taxe de compensation sur les locaux d’habitation insuffisamment occupés)

En particulier :

- En 1945, escalier droit, 5ème gauche : Famille VINAY

3 pièces principales d’habitation + antichambre, cuisine, cabinet de toilette, salle de bains, WC particulier et une chambre de bonne.

- En 1953 : Marthe GAUSSEN « local de trois pièces dont deux avec (faux ? ill.) écoinçons, huisserie sans feuillure ».

Bilan de l’enquête : occupation insuffisante : à taxer…

Le gérant dans les années 60 est DEGUELDRE 40 avenue de Villiers 17ème

 

II - Quels autres immeubles de Charles Thomas à Paris ?

 

Cette fois c'est à travers divers ouvrages d'architecture sur les années 30 trouvés à la bibliothèque que Mamitabriacine a recensé : 

 

- un immeuble d'habitation

 24 avenue Émile Deschanel 7ème (1928)

(in : pss-archi.eu)

 

- un immeuble de bureaux

 15 rue Martel 10ème (1928) (avec Fernand DUMARCHER)

(in : Guide de l’architecture moderne à Paris - Hervé MARTIN 2010)

 

- un ensemble de logements Avenue Rodin 16ème (1930)

(in : Guide de l’architecture moderne à Paris - Hervé MARTIN 2010)

 

- un ensemble de logements, 23 rue du Laos 15ème (1930)

cité, avec 11 autres,

« comme immeuble 1930 ayant atteint une maturité qui en fera dans les années 1980 un modèle pour les partisans de l’architecture dite urbaine. L’immeuble à cour ouverte, bien que sans descendance, aura réussi à cumuler les vertus en contournant les règles d’alignement pour dédoubler le développé des façades, tout en répondant aux impératifs d’hygiène »

(in : Paris, Grammaire de l’architecture XX-XXIèmes siècles Simon TEXIER Parigramme 2009)

« …le parti adopté est celui d’un immeuble à cour sur rue, une cour que viennent resserrer deux ailes en gradins abritant en partie des terrasses couvertures. L’importance de la lumière et de l’ensoleillement pour les architectes de l’époque apparaît ici d’éclatante façon : les surfaces de murs pleins y sont extraordinairement réduites. Les chambres des domestiques occupent d’ailleurs le rez-de-chaussée et le premier étage, confirmant ce facteur. Bien que l’influence du style des arts décoratifs soit encore nette, notamment pour le couronnement des baies du huitième étage, voire même dans le plan, l’échelle de l’immeuble met en avant son caractère moderne »

(in : L’architecture des années 30 - Bertrand LEMOINE, Philippe RIVOIRARD - La Manufacture, 1987)

Bibliographie : Revue L’Architecte, août 1930, p.66, pl.44

 

III - et ailleurs ?

 

C'est à Fresnes (Val de Marne) que l'on retrouve sa trace après la guerre dans la période dite de la Reconstruction. Il y a travaillé à plusieurs chantiers à tel point qu'il a pu être surnommé "l'architecte de Fresnes".

 

-  le domaine de la Peupleraie et le Clos de la Garenne

« 800 logements, conçus après guerre par les architectes Marcel Roux et Charles Thomas, ont été en partie construits par des pionniers-bâtisseurs les « Castors », pour une vie sociale forte.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, en plein baby boom, la France connaît une crise du logement d’une ampleur considérable. Elle touche 1 français sur 2. Plus de 50% des appartements parisiens n’ont pas de confort (ni eau courante, ni WC), un jeune couple sur trois vit soit à l’hôtel soit chez ses parents.

Pourtant de nombreuses mesures sont prises pour aider les communes et les particuliers à bâtir, et beaucoup de programmes d’Habitations à Loyer Modéré (HLM) voient le jour aux périphéries des grandes villes. Malgré cela, le nombre de logements reste insuffisant au vu des besoins de la population. Devant l’urgence de la situation, des hommes et des femmes envisagent de construire eux-mêmes leurs habitations et de se regrouper en associations de « Castors ».

A Fresnes, l’Association Locale des Castors (ALCF) est crée en 1955 pour la construction de 800 logements. C’est alors une commune rurale de moins de 5000 habitants. Les terrains sur lesquels sera édifié le Domaine de la Peupleraie appartenaient à quatre propriétaires différents qui les avaient acquis à la Révolution lors de la confiscation des biens de l’Abbaye de Saint Germain-des-Près. C’est ainsi que la Peupleraie sera construite à l’emplacement des anciennes prairies marécageuses de la Seigneurie de Berny sur une superficie de plus de 12 hectares.

La Bièvre était alors apparente et traversait le domaine. On l’a ensuite canalisée puis elle est devenue souterraine. Le plan masse était doté d’un groupe scolaire, d’un centre commercial, de nombreux parkings et box pour les voitures, de terrains de jeux et de grands espaces verts. Le projet jouxtait le marché municipal et le RER.

La construction des immeubles répondait avant tout aux grands principes de logement des années 50 : lignes simples, orientation ensoleillée, construction économique, confort et espaces verts. Elle a démarré en 1956 pour s’achever en 1959.

Deux architectes ont élaboré l’ensemble du projet, se partageant respectivement la partie Ouest et Est du domaine. Marcel Roux, très influencé par les théories de Le Corbusier sur l’habitat collectif et Charles Thomas, élève de Lurçat(Groupe scolaire Karll Marx à Villejuif) et père des premiers pavillons Castors de Fresnes. Il deviendra "l'architecte de Fresnes" avec la conception entre autres du Clos de la garenne, où il a travaillé sur l'empilement de cubes décalés d'un demi-niveau. Charles Thomas s'est en effet inspiré des immeubles-villas de Le Corbusier et de son système de dominos en reprenant à la Peupleraie des modules qu'il travaille en duplex soit montant avec mezzanine, soit descendant. Les appartements de trois, quatre ou cinq pièces principales sont donc tous en duplex et ce jeu de double niveau leur donne un volume intéressant avec la galerie d'accès aux chambres qui forme balcon sur le séjour.

Tous les appartements ont vue sur les jardins et sont tous très ensoleillés avec la double orientation est-ouest. Ils sont dotés de tout le confort (ascenseurs, vide-ordures, salle d'eau, chauffage central, buanderie et volumes de rangement importants). Le regroupement des chambres à coucher réduit ainsi les transmissions de  bruit et ponctue la façade travaillée en étages chambres ou séjours ou coursives. La présence de coursives et de halls spacieux accentue la volonté d'une vie sociale forte. Les espaces extérieurs sont de grande qualité. Ainsi donc ces appartements d'une conception exceptionnelle dans un pars aux perspectives variées donnent à l'ensemble un caractère luxueux et calme, inhabituel pour les réalisations de cette catégorie" 

© CAUE 94 avec l’aide de l’écomusée de Fresnes et de l’Association Syndicale du Domaine de la Peupleraie

http://www.domaine-peupleraie.fr/promenade-dans-le-domaine/

Un architecte des années 30 : Charles Thomas

 

- le centre d'hormonologie

 

Très belle et étonnante construction mais, chargée d’amiante, elle fut rasée en 1999.

Un architecte des années 30 : Charles Thomas

Les recherches continuent...

 

 

FLM

Publié dans Divers

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J
Charles Thomas est aussi l'architecte de l'immeuble historique de la Télévision Française, rue Cognac-Jay dans le 16e arrondissement...
Répondre
M
Merci pour l'info ! L'immeuble est-il signé ?